interview N4 Pascale, cancer du sein et vie professionnelle

interview N4 Pascale, cancer du sein et vie professionnelle

Interview de Pascale N°4 – cancer du sein et vie professionnelle

Interview de Pascale par Lisa bloggueuse
Fucking Big C

Texte et photo de Lisa

Aujourd’hui Lisa a rendez-vous avec une vraie battante, Pascale, 51 ans. Elle est coiffeuse à Teffrin en Bretagne, mariée et maman de deux grands garçons.
Elle répond aujourd’hui à nos questions à propos du retour et du maintien dans l’emploi suite à son cancer du sein.

Qui es-tu ?

Pascale, présentes-toi en quelques mots ?

Je suis une femme qui bosse depuis ses 15 ans. Je suis coiffeuse. Je me suis installée dans le garage de ma maison à 27 ans.
Avant cela, je me suis mariée et nous avons eu deux beaux garçons qui vont être tous les deux papa à leur tour, cette année…
La vie passe très vite et on se dit « ça y est, nous allons pouvoir un peu penser à nous, la maison est payée, les enfants vont bien, nous sommes encore jeunes… » et là Boum Boum !
Le monde s’écroule, voilà ce crabe qui s’accroche à moi, « merde, ce n’est pas juste, pourquoi moi? »
Et concernant mon travail, « comment vais-je faire ? » Tout s’est bousculé dans ma tête…
Et pourtant, je m’accroche, je veux vivre, alors j’accepte les traitements et je me dis qu’il ne faut pas le laisser me manger. Je pense être une bonne personne, qui aime la vie, et qui veut continuer à vivre…
Mais ce n’est plus comme avant, je veux désormais profiter de chaque instant de bonheur que la vie voudra bien me donner et savoir l’apprécier…

Pourquoi aujourd’hui, acceptes-tu de partager ton histoire ?

Parce que, hélas, je ne suis pas la seule et je pense qu’ il y a un lien invisible entre nous maintenant, un lien qui nous unies…

Peux-tu me dire en quelques mots quelles sont tes qualités ?

Je suis une épouse et une maman aimante. Je ne pense pas beaucoup à moi. Je ne jalouse personne, je trouve que c’est le pire des défauts (cela rend mauvais). J’aime être tranquille chez moi, à tricoter ou à jardiner, mais pour autant quand je suis avec mes clients, je me sens bien.
J’ai été sportive, maintenant j’aime beaucoup la marche rapide. Je suis une vraie battante. Ma devise : « Tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort ».
Puis, je crois beaucoup à Sainte Anne, elle m’aide à supporter toutes « ces merdes ». Je lui demande souvent de l’aide pour voir le positif dans cette épreuve et ça me soulage beaucoup.

As-tu toujours eu ces qualités là ou bien est-ce venu avec la maladie ?

Je les ai toujours eu et cela s’est confirmé depuis la maladie.

Entre l’avant et l’après (maladie), qu’est ce que tu penses qui a vraiment changé pour toi ?

Je sais maintenant que le bonheur dans une maison est très fragile. Un courrier, un coup de téléphone ou une visite et, la vie bascule… Et c’est là, seulement, que nous nous rendons compte que nous étions heureux… On ne pense jamais que ça peut s’arrêter à tout instant.

En quelques mots, quelles sont tes passions ?

Je suis sportive, j’aime faire de la marche à pied. Je fais également du tricot et du crochet. J’aime aussi regarder la télévision et surfer sur internet.

Quel type de cancer/maladie as-tu, et quel grade, si tu veux bien en parler ?

J’ai un cancer du sein gauche Her2 positif stade 2+++ hormono-dépendant.

Quand a-t-il été découvert, quel âge avais-tu et dans quelles circonstances ?

Il a été découvert après avoir fait ma 5ème mammographie de contrôle. Pour la première fois elle a été envoyée pour une deuxième lecture… J’étais suivi depuis 7 ans, parce que ma petite sœur a également eu un cancer du sein, à 38 ans.
J’avais 50 ans depuis seulement 3 mois…

Es-tu toujours en cours de traitements ? Et quels traitements as-tu reçu exactement ?

Oui, je suis toujours sous traitements. J’ai reçu 12 injections de chimio. 3 Fec 100 (une toutes les 3 semaines), 9 injections de Taxol + 9 injections d’Herceptine (une toutes les semaines).

Puis, 33 séances de rayons et, en parallèle 15 autres injections d’Herceptine (une toutes les 3 semaines), je finirais fin septembre.
Puis, depuis le 12 février, je suis sous hormonothérapie. Du Tamoxifene, 1 cachet tous les soirs, pendant 5 ans… qui a finalement été remplacé par du Novaldex, 1 cachet matin et soir…

Quelle astuce pratico-pratique, bien être, beauté peux-tu nous conseiller ?

Ne pas hésiter à couper ses cheveux très court après la première chimio – paroles de coiffeuse! – quand le cuir chevelu commence à faire mal. Idem lorsque les cheveux repoussent, ne pas les laisser pousser de suite, il faut les couper de nouveau, cela les renforce.

Cancer et travail

À l’annonce de la maladie as-tu continué à travailler ?

Oui, durant un mois, j’ai travaillé jusqu’à la veille de l’opération. Puis j’ai dû m’arrêter..

Quel métier exerces-tu ou exerçais-tu ?

Je suis coiffeuse à mon compte. J’ai deux employées et une apprentie.

Où en es-tu aujourd’hui professionnellement ?

Je suis toujours en arrêt.

Suite à la maladie, quel a été ton questionnement vis à vis :

De ta carrière ?

Est ce que je pourrais continuer à tenir le rythme comme avant ? Est-ce que je vais retrouver ma clientèle quand je vais reprendre le travail ? Est-ce que l’envie de retravailler va revenir ?

De tes projets d’avenir professionnel ?

J’arrête ou bien je continue le métier ? Soit je fais des travaux pour les mises aux normes qui sont obligatoires soit je fais une cessation d’activité pour éviter peut-être des frais inutiles…Je ne sais pas encore…

Aurais-tu besoin d’un accompagnement pour préparer, anticiper ton retour et maintien dans l’emploi ?

Je pense que oui…

Qu’aimerais-tu dire ou partager concernant ce que tu vis, ce que tu as envie de vivre, après cette période ? De quoi as-tu envie ? (Tu as le champ libre)

J’ai fait ma mammographie le 7 mars 2016, avec une écho car j’ai les seins denses. Le docteur a noté sur son rapport qu’il n’y avait aucun nodule palpable mais qu’il voulait me revoir dans 3 mois pour vérification car il lui semblait que j’avais des « listes graisseuses » (surabondance de tissus adipeux)…alors qu’il aurait dû emmener mon examen en 2ème lecture, puisque je venais d’avoir 50 ans (facteur risque plus élevé)…

Ce jour là, si je n’avais pas senti la boule, une fois dans la voiture, en sortant du centre de radiologie, je pense que pour moi c’était foutu…
Même contre l’avis de ma gynécologue que j’ai vu dès le lendemain (et qui l’a directement contacté), il n’a pas voulu refaire l’échographie avant 1 mois ½.
Une fois de plus, il n’a rien vu à l’écho. J’ai dû lui demander de mettre la sonde au-dessus de mon mamelon pour que là, il voit enfin qu’il y avait quelque chose d’anormal ! Le 2 mai, il a pratiqué la biopsie, et le vendredi 13 mai, il m’annonçait que c’était positif ! Mais comme il ne voyait rien sur imageries, c’était un petit cancer… Seulement, la tumeur faisait tout de même 2 cm !

Alors, le message que je souhaite faire passer, c’est « faisons attention à notre corps car il nous parle… » C’est après, avec le recul, qu’on se dit qu’on aurait dû faire plus attention et moins faire confiance. J’ai perdu 1 mois ½ ,parce que je ne voulais pas croire que moi aussi je pouvais avoir un cancer…

Afin de détecter une anomalie dans le sein, il y a plusieurs choses importantes à faire.

Après les règles (si bien sûr on n’est pas ménopausée), il faut :

  • Palper ses seins à main nue en faisant des cercles et des zigzags sur toute la surface.
  • Se pencher en avant et palper ses seins en position inclinée. (Avec la pesanteur, la masse qui me paraissait la taille d’un petit pois, apparaissait de la taille d’une noix quand j’étais penchée…)
  • Regarder ses seins dans la glace régulièrement (les femmes ne regardent pas assez leurs seins), on ne verra pas la masse mais on peut voir un creux que forme la tumeur. Le seins change d’aspect et se déforme.

C’est mon chirurgien qui m’a expliqué toutes ces astuces. Alors si le message pouvait passer, par précaution, car même si on ne peut pas empêcher la tumeur d’apparaître, on peut la détecter au plus tôt, et plus vite elle est enlevée, mieux c’est pour la suite.

J’aimerai voir à la télévision une campagne qui montrerait à tous comment se surveiller et également dans toutes les salles d’attente des médecins, dans tous les hôpitaux : une affiche expliquant toutes ces astuces qui sont simples et pourtant utiles !!

Un commentaire sur “interview N4 Pascale, cancer du sein et vie professionnelle”

  1. Drean dit :

    Très beau témoignage Pascale de tout ❤️ avec toi ! je suis d accord avec toi pour que les campagnes de lutte contre le cancer expliquent mieux comment seule devant notre glace on peut faire des palpations et peut être détecter le plus tôt possible une anomalie. Tous les gynécologues ne l expliquent pas forcément c est dommage
    Bien à toi Catherine

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